Pourquoi la plupart des thérapies de couple échouent ?

 
Argument

Si vous avez connu ou connaissez actuellement des difficultés de couple, vous avez sans doute reçu d’innombrables conseils. Parfois, on a l’impression que quiconque a été marié, ou connaît quelqu’un qui l’a été, croit détenir le secret de l’amour éternel. Mais la plupart de ces notions, qu’elles soient émises par un psychologue de magazine ou par la manucure du salon de quartier, sont erronées. La majeure partie des théories qui les fondent, y compris celles auxquelles ont adhéré les théoriciens les plus doués, ont été depuis longtemps discréditées — ou mériteraient de l’être. Mais elles sont à ce point ancrées dans la culture populaire qu’on a du mal à s’en détacher.

La résolution de conflits

De tous ces mythes, le plus profondément ancré est sans doute celui de la communication — ou plus précisément, de l’apprentissage de la résolution des conflits — comme voie royale de la félicité en amour et de la longévité d’une union qui a commencé dans la passion amoureuse. Quelle que soit la chapelle théorique à laquelle appartient la thérapeute conjugale, qu’il s’agisse d’une thérapie à court ou long terme ou d’une consultation-éclair avec le « psy » d’un talk-show radiophonique, un seul et unique message est à l’ordre du jour : il faut apprendre à mieux com-mu-ni-quer.

L’universelle popularité de cette approche est facile à comprendre. Lorsque la plupart des couples se trouvent dans une situation conflictuelle (qu’il s’agisse d’un simple accrochage, d’une scène de ménage en règle ou d’un mutisme obstiné), chacun cherche à en sortir victorieux. Chacun est tellement obnubilé par sa douleur, par sa conviction d’avoir raison tandis que son partenaire a tort, ou par son obstination à ne pas être le premier à rompre un silence glacial, que toutes les lignes de communication sont brouillées ou carrément coupées, comme par exemple lors des scènes de jalousie. Il semble donc logique d’inciter chaque conjoint à écouter tranquillement et affectueusement le point de vue de l’autre, afin que le couple parvienne à des solutions de compromis et retrouve son harmonie conjugale.

La technique la plus communément recommandée pour la résolution des conflits — celle qu’utilisent la plupart des thérapeutes du couple sous une forme ou une autre — s’appelle l’écoute active. Il s’agit d’encourager l’échange entre la personne qui parle et celle qui écoute. Par exemple, supposons que Julie souffre de ce que Bob travaille tard tous les soirs. Le thérapeute va demander à Julie d’émettre ses griefs en se servant de phrases à la première personne, qui mettent l’accent sur ce qu’elle ressent, plutôt que d’accabler Bob de ses accusations. Julie va dire : « Je me sens isolée et submergée de boulot lorsque je dois me débrouiller toute seule à la maison avec les enfants soir après soir, parce que tu travailles tard », plutôt que « C’est tellement égoïste de ta part de travailler tard tous les soirs et de me laisser me débrouiller toute seule avec les enfants. »

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Puis Bob doit paraphraser à la fois le contenu et la teneur affective du message de Julie, et lui demander s’il a bien saisi (pour montrer qu’il l’écoute activement). On demande également à Bob de reconnaître les sentiments de Julie — c’est-à- dire de lui faire savoir qu’il les considère légitimes, qu’il les respecte et qu’il compatit, même s’il ne partage pas son point de vue. Il pourra dire quelque chose comme : « Effectivement, ce doit être difficile pour toi de t’occuper seule des enfants lorsque je rentre tard. » Bob doit suspendre son jugement plutôt que de défendre son propre point de vue, ou se mettre sur la défensive. La phrase « Je t’écoute» est le leitmotiv le plus courant de cette approche thérapeutique. Ce genre de scène se produit souvent quand l’un des 2 partenaires fait référence à son ex.

En contraignant chaque partenaire à envisager les différends du couple en fonction du point de vue de l’autre, les problèmes sont censés se résoudre sans colère. Cette approche est souvent conseillée, quelle que soit la raison du conflit — qu’il s’agisse du budget consacré aux courses ou de différends majeurs sur la façon d’envisager l’avenir. La résolution des conflits est non seulement censée être la panacée des mariages en difficulté, mais aussi le tonique fortifiant des mariages heureux.

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La thérapie Rogérienne

D’où provient cette approche ? Les pionniers de la thérapie conjugale l’ont adaptée de techniques utilisées par le célèbre psychothérapeute Cari Rogers au cours de psychothérapies individuelles. La psychothérapie rogérienne a connu son heure de gloire dans les années 60. Elle est toujours pratiquée aujourd’hui à des degrés divers par un certain nombre de thérapeutes. Son approche consiste notamment à réagir de façon ouverte et sans jugement de valeur à tous les sentiments et pensées exprimés par le patient. Par exemple, si ce patient dit : « Je déteste ma femme, c’est une salope qui n’arrête pas de m’emmerder », le thérapeute hochera la tête et répondra « Ce que j’entends, c’est que votre femme vous harcèle et que vous détestez cela. » Le but est de créer un climat d’empathie au sein duquel le patient peut explorer ses émotions et ses pensées les plus profondes, et les confier au thérapeute.

Puisque le mariage est aussi, idéalement, une relation où les partenaires se sentent suffisamment à l’aise pour être eux-mêmes, il pourrait sembler logique d’apprendre aux couples à pratiquer cette écoute inconditionnelle. Il est bien entendu beaucoup plus facile de résoudre des conflits lorsque chacun des partenaires se sent concerné par ce qu’éprouve l’autre.

Le problème, c’est que cette approche ne fonctionne pas. Une étude réalisée à Munich par le Dr. Kurt Hahlweg et ses associés sur la thérapie conjugale établit clairement que même après avoir eu recours à la technique de l’écoute active, la plupart des couples restent toujours en conflit. Ceux qui se sont soumis à cette approche thérapeutique ont rechuté en moins d’un an.

Toutes les différentes méthodes de thérapie conjugales basées sur la résolution de conflit connaissent ce taux élevé de rechutes. En fait, la meilleure d'entre elles, mise au point par le Dr. Neil Jacobson de l’Université de Washington, n’a qu’un taux de réussite de 35 %. Autrement dit, ses propres travaux démontrent que seuls 35 % des couples constatent une amélioration significative de leur relation à l’issue de la thérapie. Un an après, moins de la moitié de ce groupe — soit à peine 18 % des couples ayant suivi le traitement — continue à en constater les bénéfices.

Il n’est pas si difficile de comprendre les raisons pour lesquelles l’écoute active échoue dans la majorité des cas. Bob peut s’efforcer, avec la meilleure volonté du monde, d’écouter les griefs de Julie. Cependant, Bob n’est pas un thérapeute en train d’écouter un patient se lamenter des méfaits d’un tiers. La personne que sa femme accable, c’est lui. Il existe sans doute des êtres humains capables d’accueillir avec magnanimité un tel déferlement de critiques — le Dalaï Lama, par exemple. Mais il est hautement improbable que vous ou votre conjoint ait épousé un tel ange de vertu. (Même dans le cadre de la thérapie rogérienne, lorsque le client commence à se plaindre du thérapeute, celui-ci abandonne l’empathie en faveur d’une autre approche.) La méthode de l’écoute active exige des couples une gymnastique affective d’un niveau olympique, alors que leur relation est à peine capable de se traîner jusqu’au divan du psy.

Cela étant dit, l’écoute active peut être utile dans certaines circonstances. Mais si elle permet d’«améliorer » les querelles ou d’en diminuer la fréquence, elle ne peut à elle seule sauver un mariage.

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Même les couples heureux peuvent avoir des scènes de ménage : 

Ce n’est pas parce que le ton monte qu’une relation est en danger.

Après avoir étudié et suivi quelque 650 couples durant quatorze ans, nous savons que cette approche thérapeutique ne fonctionne pas, non seulement parce qu’il est presque impossible de la pratiquer correctement, mais aussi et surtout parce que la résolution efficace des conflits n’est pas ce qui garantit la réussite d’une relation. L’une des découvertes les plus surprenantes de nos travaux, c’est que la plupart couples heureux n’utilisent en rien ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à l’écoute active lorsqu’ils se querellent.

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